L’auteur, nouvellement retraité, raconte :

« Toutes ces années à faire un métier qu’on aime... Et puis, c’est fini. Toutes les questions, alors, qui se bousculent, sur la liberté, le destin, le temps qui reste, 1'amour, les deuils... » (quatrième de couverture)

« Je ne sais pas à partir de quand on a son âge, le vrai, 1'âge officiel. Je me demande si on 1'a un jour. Les autres nous voient tels que nous sommes, à 1'âge que nous avons. Les autres me parlent comme à quelqu’un qui a cinquante-cinq ans, presque cinquante-six. Je sais bien que c’est mon âge. Mais je n’ai pas cet âge-là. Je ne parle pas de 1'envie d’être plus jeune, du refus de vieillir. C’est simplement que je sais bien, dans ma tête, que je vis dans une vie où je n’ai pas cinquante-cinq ans. » page 36

Ce bouquin est un incontournable pour tous les retraités. Vous le lirez en ayant 1'impression qu’il a été écrit expressément pour vous.

Comment ne pas avoir le goût de lire le dernier roman de Christian Bobin devant la promesse de 1'extrait qui suit :

« Le visage d’une mère est pour 1'enfant son premier livre d’images. Ma mère avait un visage de bon pain et j’aimais, quand elle me soulevait de terre et me portait à la hauteur de ses yeux, tapoter de mes doigts boudinés de garçon de trois ans la mie de ses joues claires. Un peu plus tard, quand je commençai à écrire, vers six ou sept ans, je m’amusai à dessiner de mes doigts quelques mots sur ses joues. Elle fermait les yeux, me laissait faire puis, sans jamais se tromper, disait à voix haute le mot que je venais d’appuyer sur sa chair : eau, feu, terre, lune. Ainsi, celle dont la patience m’instruisait sur 1'éternel était-elle devenue ma première page blanche. » Page 23

J’espère que, grâce à cette chronique, il sera désormais faux de prétendre que - selon une nouvelle enquête du ministère de la Culture- « les Québécois, déjà en fond de cale des peuples lecteurs, lisent de moins en moins ». Le Devoir, 06.03.04

Bonne lecture et... à la prochaine... enquête...

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